• Les courses.

     Les courses.

     

     Les courses. 

    Tout à l'heure je suis allée faire les courses. Moment magique, sans pleurs d'enfants, sans odeurs de caca, sans carottes qui dégoulinent sur mon jean, sans ventre suppliant qu'on le nourrisse, bref mon moment à moi. Moment où je peux discuter avec quelqu'un en comprenant ce qu'on me dit. Le top. J'adore faire les courses, je flâne, je zyeute, je me détends...

    Au rayon boucherie, j'aperçois un type que je n'avais pas vu depuis un bon moment. La dernière fois que j'avais eu affaire à lui de près ça devait être en 1987. J'avais 11 ans, il avait presque réussi à me noyer dans la moyenne, comme ça gratuitement, juste par haine à mon égard.

    Une haine certainement vouée au fait que je ne lui plaisais pas physiquement, car je dois bien l'avouer, l'adolescence a été une période douloureuse pour moi (cheveux gras, boutons, maigreur, grands pieds, j'en passe et des pires). 

    Dans ce bassin, donc, je m'étais débattue et au moment où j'avais réussi à sortir la tête de l'eau, un grand filet de morve était sorti de mon nez. Le connard en question s'était moqué de moi, et moi je m'étais mise à le haïr. J'aurais aimé le voir crever sous mes yeux ou qu'il se fasse enlever.

    A l'époque, j'avais revu ce garçon quelques fois, et, à chaque fois il se moquait de moi. Il avait souvent quelques filles, à ses côtés qui gloussaient aussi, naturellement.

    Et là, depuis 1987, je ne l'avais pas revu.

    Au supermarché,  quasiment au niveau des paupiettes, je vois un nain de jardin dans un jean tout pourri qui marche comme un paysan. 

    Je le dépasse, je ne suis pas sûre que ce soit celui à qui je pense. Je suis amenée à faire demi-tour et je check de face cette fois-ci. Oui ! Il s'agit bien de lui, de celui qui se foutait de moi quand j'étais gamine et qui avait manqué à me noyer ! Il a une tête de con, un air de plouc, un crâne dégarni et visiblement il a mangé beaucoup de bonnes choses depuis la pistoche. Il arbore un ventre dégueulasse sous un t-shirt qui ne lui va pas. Il porte un pauvre blouson en jean comme en n'en fait plus depuis Indra. Il est laid comme un cul... Et encore je connais des postérieurs plus agréables à regarder que lui.

    Intérieurement je jubile. C'est de ce machin dont j'avais peur petite. Mais le meilleur reste à venir. Au moment où je le croise, le Schtroumpf me regarde et a le toupet de me sourire.  Cette raclure a semble-t-il oublié la tasse de javel/poux qu'il m'a faite avaler !  A ce moment je n'en peux plus, j'ai envie de sauter comme dans les pubs fraîches, où on voit une personne de dos qui fait un bond en faisant se rejoindre ses pieds (pardonnez-moi pour cette description misérable mais je suis sûre qu'on se comprend). Bien entendu, donc,  je l'ignore,  je lui mets un vent digne des plus grands rallyes Paris-Dakar. Tout mon être ricane. J'ai envie de rire comme Philippe Bouvard  dans les Grosses Têtes.

    Je passe mon chemin. La satisfaction que je ressens à ce moment-là, c'est comme si  je venais d'avoir les résultats du bac, comme si ce soir c'était les grandes vacances, comme si je venais de faire une nuit de 6 heures d'affilée. Hehehe...


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